Société d’Histoire et d’Archéologie de Lorraine

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Section de Sarrebourg

Le Flottage du Bois sur la Sarre, aux XVIIIe et XIXe siècles, par Roland KLEINE (2003)

Le Flottage du Bois sur la Sarre, aux XVIIIe et XIXe siècles, par Roland KLEINE (2003)

La Vallée du Blancrupt

À une époque où les scieries étaient nombreuses dans cette vallée, il a bien fallu envisager un moyen de transport des produits bruts et sciés. Même au début du XIXe siècle, aucune voie de circulation ne traversait le massif boisé du Donon. Arthur BENOIT1 note : « J’arrive à confesser en toute franchise que, si certaines routes laissent à désirer, celle du Blancrupt est une des plus effrayantes pour le touriste (…). Ce n’est pas une route ; jamais voiture suspendue n’a osé s’aventurer sur la plus petite partie de son parcours ».

En effet, en raison de la nature du terrain, de la pente, des roches, les bois coupés ou sciés ne pouvaient être acheminés sur des chariots, lesquels ne pouvaient accéder au massif du Donon. Il n’y avait pas de chemins praticables. Au milieu du XIXe siècle, aucune voiture à chevaux ou à bœufs ne peut s’y aventurer tellement ces chemins sont encombrés de rochers de grès ou d’énormes pierres, ce qui briserait les roues.

« Au début du XIXe siècle, cette vallée était en dehors de tous les courants de circulation. Il n’y avait d’ailleurs aucune voie de pénétration dans tout le massif boisé au nord du Donon, à l’exception de quelques amorces de chemins mal entretenues et peu praticables ».2

Donc la route actuelle menant au col du Donon n’existant pas – sa construction souhaitée, mais reportée, n’ayant été réalisée qu’en 1885 – et les chemins étant le plus souvent impraticables pour les chariots, on a donc tout naturellement songé à utiliser la force du courant de la Sarre Blanche, c’est-à-dire recourir au flottage.

Dans cette vallée du Blancrupt (étymologiquement où coule la Rivière Blanche), il y avait une grande activité due aux bûcherons, schlitteurs, flotteurs, ouvriers de scieries et voituriers non seulement originaires de la vallée, mais surtout des villages voisins.

Le flottage du bois de chauffage ainsi que celui des bois de grandes longueurs étaient en rapport et devaient tenir compte de la présence des scieries et des moulins qui étaient nombreux : au XIXe siècle, une trentaine de scieries fonctionnaient dans les vallées d’Abreschviller, de Saint-Quirin et de Turquestein (du Blancrupt).

À noter que cette force hydraulique sert aussi à faire tourner les scieries et les moulins, en empruntant un canal de dérivation, souvent long de plusieurs centaines de mètres destiné à en augmenter la chute et donc la force. Déjà très active en faisant fonctionner les scieries et les moulins, la Sarre Blanche allait devenir une véritable voie de communication pour les bois de nos forêts et, à ce titre, elle va jouer un rôle économique considérable.

Grâce au flottage du bois, l’exploitation et l’industrie du bois ont permis aux habitants de nos vallées de trouver du travail et de mener une vie correcte bien que laborieuse.

 

  1. A. BENOIT, La Vallée de Blancrupt, 1860.
  2. Remarque de Marc dans La Forêt domaniale d’Abreschviller, au cours du XIXe siècle – 1920.
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